Gloire & Empire Nº085. Bonaparte et le 18 Brumaire
En 1799, la Révolution s'essouffle et le pays semble au bord de la guerre civile alors même que se profilent de nouveaux dangers extérieurs. Evincées d'Italie, en butte aux Autrichiens et aux Russes en Suisse (voir Gloire & Empire n 84), menacées en Hollande par les Britanniques et les Russes, les armées françaises reculent. Politiquement, le Directoire vacille face à une forte poussée jacobine aux élections du mois d'avril.
Nommé directeur au sein d'une équipe instable et divisée, l'abbé Sieyès veut réformer la Constitution de l'an III pour rendre le pays gouvernable. Mais, comme la loi fondamentale rend longue et complexe toute évolution, il sait que seul un coup d'Etat permettrait de rénover en profondeur les institutions. Pour s'engager sur cette voie, il a besoin de l'appui de l'armée et cherche activement le soutien d'un général à la fois reconnu, populaire et loyal. C'est la raison pour laquelle il se tourne d'emblée vers le général Barthélemy Joubert mais ce dernier, à peine nommé à la tête de l'armée d'Italie, est malencontreusement tué à la bataille de Novi, le 15 août. Le remplacer n'est pas simple, les candidats sûrs et capables de s'engager dans cette aventure n'étant pas nombreux. Après d'autres tentatives, il s'adresse à Victor Moreau, chef de l'armée du Rhin, qui ne pense pas être la bonne personne ; c'est lui qui apprend à Emmanuel-Joseph Sieyès le débarquement du général Bonaparte dans la rade de Saint-Raphaël le 9 octobre et le désigne comme le candidat idéal.
Mis au courant de la situation à Ajaccio, où il profite de sa notoriété pour s'affranchir de la quarantaine imposée aux navires, Bonaparte brûle les étapes et arrive à Paris le 16 octobre. Dans les jours qui suivent, il s'informe et multiplie les consultations. La suite s'engage très vite. Le 22 octobre, une première rencontre avec l'abbé Sieyès se passe assez mal mais, le lendemain, Lucien Bonaparte est élu président du Conseil de Cinq-Cents et le général corse en profite pour faire un premier pas vers le directeur. S'engage alors le processus qui mènera en marches forcées aux journées décisives de brumaire, les 8, 9, 10 et 11 novembre. C'est cette aventure particulièrement risquée, qui d'ailleurs faillit bien mal se terminer, que raconte en détail ce passionnant dossier de Gloire & Empire ; elle constitue la première étape de l'ascension politique de Napoléon Bonaparte car ce dernier, contrairement à ce qu'espérait l'abbé Sieyès, se refusera ensuite à jouer un rôle de second plan.