Gloire & Empire Nº078. Berlin échappe à Napoleón 1813
A la fin de la campagne de Russie, la Grande Armée n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle a perdu 270 000 hommes mais, surtout, l'armée est complètement désorganisée. D'un côté, les équipements et le ravitaillement font défaut, les survivants sont mal en point et harassés de fatigue, les chevaux totalement décimés et les unités débandées et éparpillées ; tout est à refaire. De l'autre, les contingents étrangers désertent : les 20 000 Prussiens, plutôt préservés, dès la signature de la convention de Tauroggen, bientôt suivis par les 30 000 Autrichiens menés avec grande prudence par Charles-Philippe de Schwarzenberg.
Un malheur ne venant jamais seul, la situation est tout aussi préoccupante en Espagne où le marquis de Wellington pousse rapidement l'armée française vers les Pyrénées. Napoléon, qui n'est plus considéré comme invincible, semble enfin à la portée de ses ennemis. Soutenue par les subsides anglais, l'armée russe passe à son tour le Niémen et menace les restes de la Grande Armée dans une Allemagne où gronde la révolte. La VIe coalition, d'abord limitée au Royaume-Uni et à la Russie, s'étend à la Prusse puis au Mecklembourg et à la Suède. Les Français reculent et doivent évacuer Berlin. Malgré tout, montrant qu'il lui reste du ressort, Napoléon, qui a repris la tête de son armée et levé 350 000 jeunes conscrits, inflige deux défaites aux coalisés, d'abord à Lützen puis à Bautzen. L'armistice de Pleiswitz permet aux deux armées de reconstituer leurs forces mais resserre l'étau autour des Français et des alliés qui leur restent.
Puis, le 11 août 1813, l'entrée en guerre des Autrichiens aux côtés des coalisés, fruit des manoeuvres britanniques, rompt la trêve. Pour Napoléon, qui dispose à présent de 400 000 hommes à proximité de Dresde, l'objectif est la ville de Berlin dont la maîtrise lui permettrait de soutenir les places fortes encore contrôlées par les Français sur l'Oder, de pousser les coalisés au-delà de ce fleuve et de récupérer les troupes bloquées à Dantzig. Sa tactique est celle qui lui a toujours réussi : frapper séparément les armées coalisées. Mais ses ennemis ont bien compris qu'il leur fallait éviter le choc frontal et tenter de battre les maréchaux les uns après les autres.
De fait, les VIIe et XIIe corps de Nicolas Charles Oudinot sont défaits à Grossbeeren. Même si la prudence de Jean-Baptiste Bernadotte l'empêche de tirer parti de cette victoire, la ville de Berlin est momentanément sauvée. Deux semaines plus tard, c'est au tour de Michel Ney d'être écrasé à Dennewitz. Ces deux défaites, qui sont à porter au crédit de Friedrich Wilhelm von Bülow, montrent clairement les faiblesses de l'armée française majoritairement composée de conscrits, vaillants mais inexpérimentés. Pour Napoléon, l'échec est rude ; sous la pression de ses maréchaux, il doit définitivement abandonner son projet de reprendre Berlin. L'issue de la campagne se jouera bientôt à Leipzig.